Législatives 2024 : Notre commentaire sur les programmes

Article mis à jour le 6 juillet 2024

Législatives 2024 : Notre Commentaire du programme "santé" des différents partis

Le SIHP est un syndicat apartisant, comme il est inscrit dans nos statuts. Néanmoins, nous ne pouvons pas rester apolitiques, car nous sommes régis par des valeurs:

  • Défense des internes dans leurs droits
  • Serment d'Hippocrate, que nous prêtons dans notre carrière 

Il nous paraît important, non pas de nous positionner, mais de vous informer autant que nous le pouvons sur les différents points abordés par les principaux partis dans les élections en cours. Nous vous proposons dans cet article notre analyse simple des programmes de santé des 3 partis principaux. Cette analyse n'engage que nous et reste bien sûr dans la limite de nos compétences.

 

Rassemblement National

  • Réduire le poids des services administratifs dans les hôpitaux et transférer une partie des emplois des services opérationnels (plafond de 10 % de postes administratifs).  Difficile de dire que le seul problème à l’hôpital est la quantité d’administratif. Le travail de chacun est important : un hôpital avec seulement 10% d'administratifs semble très précaire, y aurait-il un risque de glissement de tâche de l'administratif vers le personnel médical? Par ailleurs, le problème concernant les opérationnels et donc le personnel médical et paramédical est une question d’attractivité et de manque de main d’oeuvre.  
  • Supprimer les Agences Régionales de Santé et reprise de la main par les préfets sur la gestion sanitaire à l'échelle départementale. Dans quel but? Une formation à refaire alors que le personneld es ARS est actuellement compétent dans le domaine, tout autre champ de connaissance des prefets, recrutement de plus de prefets là où on a déjà du personnel compétent? 
  • Augmenter le nombre d’étudiants en médecine (fin du numerus apertus). Sans augmenter les moyens de l’enseignement supérieur comme cela est prévu par le Rassemblement National, cette mesure n’est pas réalisable. 
  • Lancer un plan d’autonomie stratégique pour les médicaments et mettre en place, à l’horizon 2026, la vente de médicaments à l’unité pour lutter contre les pénuries et le gaspillage. Les pénuries de médicaments ne sont pas liées à un gaspillage des patients. C’est la responsabilité des grands groupes pharmaceutiques, du fonctionnement et du mode de financement de l'industrie pharmaceutique.
  • Renforcer le soutien aux proches-aidants. La mesure est bonne mais par quels moyens? Financier? Structurel? 
  • Donner plus de place à la prévention, notamment grâce aux visites médicales scolaires qui redeviendront systématiques. Le code de l’éducation prévoit déjà des visites obligatoires. Le problème est le manque de personnels de santé que le Rassemblement National ne prévoit pas de recruter. 
  • La prise en charge de l’endométriose en ALD. C’est une très bonne idée mais cela existe déjà
  • Déserts médicaux : Exonérer les médecins d'impôt sur le revenu dans le cadre du cumul emploi-retraite. Il s’agit d’une niche fiscale qui n’est pas conditionnée à l’installation en zone sous-dotée, ni à une évaluation de la formation continue.
  • Aide médicale de l’Etat – La réformer pour qu’elle ne prenne en charge que les urgences vitales. Refuser le soin aux personnes sans-papier en l’absence d’urgence vitale ne respecte pas le serment d’Hippocrate. Marine Le Pen, 2022« Il arrive qu’un clandestin soit mieux traité qu’un Français, qui lui, cotise, et n’est pas remboursé intégralement des frais qui sont nécessaires pour se soigner. Je supprime l’AME et je crée une aide vitale d’urgence. Il y a aujourd’hui des visas pour « soins », 26 000 étrangers sont venus se faire soigner sur notre système de santé, on marche sur la tête: c’est profondément injuste à l’égard d’un tiers des Français qui n’arrive pas à se soigner » (BFMTV-RMC interview face à Jean-Jacques Bourdin, 12 Janvier 2022). Un rapport des ministères fait en 2023 montre qu’il y a un risque élevé de renoncement aux soins et au dépistage avec une augmentation majeure des problèmes de santé publique et donc à leur coût. Quelle limite donne-t-on à l’urgence vitale ?

 

Nouveau Front Populaire

  • Organiser une conférence de sauvetage de l’hôpital public afin d’éviter la saturation pendant l’été, proposer la revalorisation du travail de nuit et du week-end pour ses personnels. Mesure déjà en place sous le gouvernement Borne en aout 2023 avec la pérennisation de la revalorisation du travail de nuit. 
  • Engager un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social (médecins, infirmiers, aides- soignants, personnels administratifs) et de revalorisation des métiers et des salaires. Plan non détaillé pour l’instant.
  • Réguler l’installation des médecins dans les déserts médicaux et rétablir des permanences de soin des soignants libéraux dans les centres de santé. Mesure décriée par les professionnels libéraux, pas de précision sur la régularisation ; le concept de la coercition est actuellement au coeur de nombreux débats. 
  • Conditionner l’ouverture des cliniques privées à la participation à la permanence des soins et à la garantie d’un reste à charge zéro. Reste à charge 0 dans les cliniques privées, comment le garantir? Financement public pour le reste à charge existant? Que fait on pour les cliniques déjà en place, comment leur imposer ? 
  • Faire un grand plan pour la santé mentale, notamment en augmentant les moyens de la psychiatrie publique et en accroissant le nombre de places dédiées en faculté de médecine. Le nombre de place dédiées actuellement n’est pas un problème (très important par rapport à d’autre spécialités), mais le manque de moyen oui : actuellement, les places déjà ouvertes pour la formation en psychiatrie ne sont pas toutes pourvues. Pour la filière médicale, le problème réside dans le manque d’attractivité de la spécialité, insuffisante par rapport aux besoins, qui vont croissant.
  • Créer un pôle public du médicament avec renforcement des obligations de stocks.
  • Garantir l’accès à l’AME. AME mise en place par L. Jospin en 2000 pour garantir des soins aux personnes en situation irrégulière. prise en charge à 100% avec dispense d'avance des frais 
  • Interdire tous les polluants éternels (PFAS) pour toutes les utilisations, notamment les ustensiles de cuisine
  • Développer des maisons de sport-santé dans tout le pays et rembourser le sport sur ordonnance. 

 

Ensemble

  • Déployer un service d’accès aux soins dans 100 % des départements et plan d’urgence 18h-minuit/week-end. Le concept est excellent mais dans les faits, pas assez de praticiens disponibles pour assurer ces services, trop de déserts médicaux donc encore trop de départements qui n’ont pas les moyens de mettre ce dispositif en place. 
  • Elargir le système de gardes en ambulatoire à d’autres professions de santé. Les professions concernées ne sont pas précisées. 
  • Faire reculer les déserts médicaux en doublant le nombre de médecins en formation chaque année grâce à la suppression du numerus clausus, et augmenter le nombre de place à 16000 en 2027 . La suppression du numerus clausus en 2019 n’a servi à rien sans augmenter les places et les moyens à la formation : ici le nombre de place doit être doublé, ce qui devrait s‘associer à une augmentation drastique des moyens alloués à l‘université. D’autre part, la question des déserts médicaux est aussi liée à la répartition des médecins dans le territoire ; ici pas de mesure coercitive ou incitative proposée.
  • Permettre aux pharmaciens, sages-femmes, infirmiers, opticiens et orthophonistes de réaliser une vingtaine d’actes médicaux du quotidien tels que la vaccination en pharmacie ou l’adaptation de la prescription de lunettes par les opticiens. C’est déjà prévu depuis 2023. 
  • Créer une offre de mutuelle publique à 1 € par jour. Plus cher que la C2S indexée sur l’âge et les besoins. A noter qu’environ 1/3 des personnes éligibles à la C2S n’en bénéficient pas, par manque de connaissance et d’accès aux démarches.
  • Obliger les médecins à présenter aux Français une facture informative à partir de 2025 lors d’un passage à l’hôpital ou à la médecine de ville. Il s'agit d'une charge administrative supplémentaire. D'autre part, le coût des soins est déjà disponible sur le relevé de remboursement de soins de l’Assurance Maladie et des complémentaires santé.
  • Développer les consultations de prévention de la ménopause, de l’infertilité et la prise en charge de l’endométriose. Bonne idée ! Mais nombreuses critiques concernant la consultation fertilité systématique qui avait été proposée par E. Macron : très éloignée de la réalité du terrain et des priorités de santé publique.
  • Remboursement intégral des fauteuils roulants, électriques et manuels Mesure déjà annoncée et en cours de concrétisation
  • Maintien de l’Aide médicale d’Etat. Vers une réforme de l’AME annoncée par E. Macron : Quelle sera-t-elle?

 

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